L'Ecole de Cinema de Genève et Lausanne

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Quand on pense au cinéma, on pense à l’image avant tout. On pense  aux acteurs et à l’histoire qu’ils racontent. Cette même histoire se traduit par le visuel, la mise en scène et les dialogues des personnages. On juge souvent un film à ces trois éléments sans s’attarder sur ce qui nous semble aujourd’hui normal.

Un personnage est éloquent, ses propos sont clairs et compréhensibles; c’est normal. Si le protagoniste est sous l’influence de quelconques substances psychoactives et qu’il bafouille ses mots, c’est aussi normal. Un personnage a l’accent cajun parce qu’il provient de Louisiane, normal. Pourtant ce que le spectateur tient pour acquis, ne l’est pas forcément. Ils sont pour la plupart des choix délibérés, qui, dans le produit final, nous semblent logiques alors qu’ils sont le fruit d’une longue réflexion.

La mise en scène des images est importante et celle du son l’est tout autant. Les acteurs transmettent le texte dont la compréhension est vitale au film. C’est pourquoi un réalisateur va devoir opérer des choix importants quant à la voix et à la prononciation de ses acteurs.

La voix de l’acteur est un outil important pour le réalisateur. En variant le volume, l’intonation, le son de celle-ci, il peut créer une grande variété de profils qui, chacun, va être en harmonie avec l’image projetée lors du film.
Chaque sentiment ressenti par le personnage est perçu à travers ses paroles. De la colère, de la haine, de la joie, de l’étonnement ou de la frustration: chacun agit sur une certaine onde, exprimée par le volume, l’intonation et la vitesse de la voix. Ces éléments ainsi que l’origine du personnage, le contexte historique, social et géographique sont soumis à une logique  qui doit être respectée. L’immersion des spectateurs dépend de la véracité du film. Les acteurs se doivent de respecter les règles mises en place par l’histoire du film, et donc, par le réalisateur. Ainsi, celui-ci doit être clair dans la direction qu’il donne aux acteurs.

Le défi sera donc d’établir une représentation cohérente des personnages au sein du film. Chaque détail sonore de la représentation de l’acteur doit être établi au préalable afin de permettre à celui-ci de préparer aux mieux son rôle. Il faudra que le réalisateur prenne aussi en compte l’intensité du travail de préparation et la difficulté de celui-ci. L’apprentissage d’accents ou de troubles du langage, d’articulation ou de phonologie, demande d’effectuer des recherches et un travail un amont. Il faudra donc anticiper ces besoins et laisser le temps aux acteurs d’y travailler.

La relation entre acteur et réalisateur est cruciale pour un film. Le bien-être des deux partis nécessite un travail commun qui vise un même objectif. Pour qu’un réalisateur tire profit au maximum de la performance de son acteur il se doit de penser à chaque aspect du film. Il a des attentes précises qu’il doit expliquer clairement. Une fois le chemin tracé il peut guider l’acteur dans sa performance ou le laisser avancer au fil de son parcours. Quelle que soit sa méthode, il se doit de lui fournir les outils adéquats pour extraire la performance voulue de ses acteurs.

Loïc Oberholzer

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